Tu viens tout juste de mettre un pied dans les environs de ce château à la sombre réputation que tu sens déjà ton angoisse monter encore d'un cran. Toi qui es déjà bien plus nerveuse et inquiète que d'habitude, tu ne peux t'empêcher de penser au pire. A croire que tu as passé trop de temps à côtoyer cet hippogriffe mal plumé que peut être Moody. Mais sans nouvelles d'Evergreen depuis plusieurs jours, alors que tu le sais pourtant si ponctuel et soucieux de sa mission, tu n'as pas hésité une seule seconde à aller trouver celui qui se rapproche le plus d'un mentor pour toi au sein de l'Ordre pour lui exposer la situation. En personne, comme il te l'a appris pour éviter la moindre fuite. Ne pas faire confiance aux hiboux pour ce genre de message, tu as bien retenue sa leçon à ce sujet. Et quant à le prévenir grâce à un patronus, pfff, tu as encore des progrès à faire à ce sujet, toi dont le sortilège n'a toujours pas pris de forme corporelle. Mais ceci reste un autre sujet dont tu t'inquiètera plus tard, trop focalisée sur le souci que tu rencontres actuellement pour penser réellement à ce genre de chose.

- Qu'est-ce que j'ai pu rater ?

Souffles-tu encore, de manière purement rhétorique, mais sans doute pour la sixième ou septième fois depuis que tu es venue demander l'aide de Moody dans cette histoire. Bien sûr que tu t'en veux ! C'est la première fois qu'on te fais suffisamment confiance depuis ton arrivée dans l'Ordre pour remplir le rôle de contact auprès d'un infiltré et voilà comment ça se termine ! Avec Alec qui n'a pas donné le moindre signe de vie depuis plusieurs jours alors que tu le sais particulièrement impliqué dans sa mission et ponctuel. Et le fait d'apprendre que sa femme aussi n'a pas été vu depuis plusieurs jours ainsi que l'état dans lequel vous avez trouvé la mission des Evergreen ne t'aident absolument pas à te rassurer sur le fait qu'ils soient en sécurité. Non, tu restes persuadée que tu as raté quelque chose, un détail, même minime, qui aurait pu te permettre de réaliser qu'Alec était en danger. Que vous deviez intervenir plus tôt et non pas trop tard comme tu as l'impression de le faire maintenant. C'était ton putain de rôle de t'assurer qu'il allait bien et qu'il ne risquait rien après tout ! Et vous retrouvez ici, près du château de Leap…

- Ca n'a pas de sens… Ca ne correspond pas du tout au plan de retrait qu'il m'avait donné.

Finis-tu par dire à l'adresse de Moody et en fronçant les sourcils. Non, depuis le départ tu sens qu'il y a quelque chose de bizarre dans toute cette histoire. Tu sais bien que les plans ne se passent pas toujours comme prévu mais pourtant, vous en aviez envisager plusieurs avec Alec si jamais il venait à se retrouver compromis. Pour justement essayer de coller à toutes les situations qu'il pourrait être amené à rencontrer. Mais aucune de ces plans n'incluait ce château maudit, de près ou de loin. Et puis même s'il avait dû totalement improvisé sa fuite avec sa femme, par Merlin, pourquoi se dire que ce foutu château qui te filait des frissons dans le dos pourrait faire l'affaire ? Parce que personne ne penserait à venir le chercher là ? A raison en même temps, pas vrai ?!

- Je ne suis pas la seule à penser à une possible embuscade, pas vrai ?

Demandes-tu à Moody en te doutant déjà de sa réponse à ce sujet. Après tout, n'a-t-il pas la réputation de toujours voir le mal partout et envisager le pire à chaque fois ? Mais tu ne sais pas trop pourquoi, tu as quand même besoin de lui poser la question, comme pour valider ton mauvais présentiment par rapport à toute cette histoire. Et si tu continues de fixer ton regard sur le château hanté un peu plus loin, tu n'as toujours pas osé faire un pas dans sa direction. A croire que les légendes sur ce lieu te rendent encore un peu plus nerveuse que ton inquiétude pour ce qu'Alec et sa femme ont bien pu devenir. Il va pourtant bien falloir que tu te bouges, que tu t'arraches à cette angoisse si tu veux venir en aide aux Evergreen. Si tu veux montrer que tu mérites ta place dans l'Ordre malgré ton raté concernant la perte de contact avec Alec.

Ce n'est pas ta première mission pour l'Ordre, c'est vrai. Mais ça reste la première fois que tu te retrouves dans ce genre de situation. Alors forcément, tu ne peux pas vraiment t'empêcher de laisser l'inquiétude, l'angoisse et la nervosité t'envahir sans trop savoir comment la gérer. Tout l'inverse de Moody, bien plus expérimenté que toi par rapport à ce genre de chose, et de loin même. Et ça se voit… Ça se voit dans la différence de comportement entre vous deux, dans sa capacité à garder son sang-froid, dans la façon dont il lance déjà quelques sorts mais aussi des ordres à ton intention. Des ordres que tu accueilles déjà en t'exécutant et sans rechigner, ta baguette déjà sortie bien que de manière moins fluide que Moody avant toi. Le manque d'habitude mais surtout l'angoisse que tu ressens, tu le sais bien. Même si tu n'as pas encore le recul nécessaire pour réussir à te calmer. Alors pour le moment, tu te contentes de hocher de la tête pour faire comprendre que tu as compris ce qu'il te demande et de te laisser plus ou moins guidé par ton mentor au sein de l'Ordre. Parce qu'il a l'expérience, l'habitude, alors que toi, absolument pas.

Tu continues d'ailleurs de le faire en le suivant vers ce bâtiment que tu trouves particulièrement flippant, profitant au passage de son sort de dissimulation. Oh là, oui, tu restes proche de Moody et tu n'as pas l'intention de le quitter d'une semelle, vu la situation et ta propre angoisse. Une angoisse qui monte encore d'un cran quand tu n'arrives pas à retenir un sursaut impressionnant lorsqu'une silhouette humaine se matérialise près de l'entrée de ce château aussi glauque qu'oppressant. Un fantôme, tu t'en rends vite compte, même si ton cœur continue de battre la chamade contre tes côtes comme s'il voulait sortir de là. Et t'as presque envie de croire à un miracle sur le fait que le sort de dissimulation de Moody ne se soit pas dissipé avec ton sursaut. Trop occupée à essayer de te calmer de cette apparition soudaine, tu n'écoutes qu'à moitié, et de manière assez distraite, les paroles du spectre. Et déjà, l'auror t'attrape par les épaules pour s'assurer de capter ton regard. Une chose qui marche très bien, faut l'avouer. Il en profite donc assez vite pour te dire de te calmer.

- Ouais, ok.

Répliques-tu presque en mode automatique, et toujours d'une voix qui trahit assez facilement le fait que tu sois toujours assez fébrile. Mais oui, il a raison, tu le sais bien, il faut que tu te calmes. Observer et écouter, c'est tout ce que vous devez faire - pour le moment. Mais tu ne pourras pas y arriver correctement et sans devenir un danger, autant pour toi-même que pour Moody si tu n'y arrives pas. Alors oui, ton mentor est déjà en train de tourner les talons pour recommencer à avancer à pas aussi silencieux que possible vers le bâtiment hanté, et oui, tu le suis de la même manière et au mieux. Même si toujours pas mal angoissée, tu essayes quand même de calmer au moins ta respiration. La clé de tout si tu te rappelles de certaines discussions avec ton grand-père quand il était question d'être le plus calme possible face à certaines créatures.

Hé oh ! Oui, reprends-toi Scamander ! Tu as l'habitude de travailler avec des créatures que tu trouves mignonnes et adorables là où d'autres en ont peur ! Tu clamais partout y a encore pas si longtemps que ça que tu voulais aller bosser dans un élevage de dragons ! Avec tout ça, tu ne vas quand même pas te mettre à paniquer pour un foutu fantôme ! Allez, faut te ressaisir ma grande ! … Alors oui, ça marche pas mal pour le fantôme que vous venez de croiser, et presque même pour l'ambiance qui règne autour de vous maintenant que vous êtes entrés dans ce foutu château hanté. Tu te sens déjà un peu plus sereine par rapport à ça. Mais pour le reste de la situation, même si tu continues d'essayer de te raisonner, tu restes clairement sur les nerfs. Non, présente un peu mieux les choses Rhea, dis que tu restes sur tes gardes !

En tout cas, pendant ces quelques secondes que tu as pris pour t'engueuler toi-même mentalement, tu as continué de suivre Moody à l'intérieur du bâtiment. Et même si vous n'avez pas encore recroisé de fantômes ni même âmes qui vivent, tu ne peux t'empêcher de lancer des regards un peu partout autour de toi, toujours pas totalement rassurée. Ou encore sur le qui-vive si tu veux continuer de présenter un peu mieux les choses. Vous devez avoir fait une dizaine de mètres comme ça quand ton regard finit par être attiré par un petit éclat sous un meuble. De quoi te faire légèrement froncer des sourcils alors que tu arrêtes enfin de suivre Moody à la trace l'espace de quelques pas pour rejoindre le meuble en question. La curiosité ayant fini de prendre le pas sur tes angoisses, te voilà déjà en train de te pencher pour attraper ce qui a attiré ton attention. Une bague, non, une alliance. Une alliance que tu reconnais tout de suite.

- M…armite.

Lances-tu dans un murmure vers Moody, en te reprenant assez vite alors que tu étais parti pour l'appeler par son nom. Oui, bon, tu sais le reconnais, ton rattrapage n'est pas le meilleur que tu es fait, bien au contraire. Il est même complètement décalé mais reste que tu as quand même réussi à respecter son ordre de ne pas utiliser son nom alors que tu étais sur le point de le faire. Et puis tu fais ce que tu peux aussi ! Tu n'as pas l'habitude de gérer ce genre de chose toi. De toute façon, le plus important reste que tu as réussi à attirer l'attention de Moody sur toi. Le rejoignant, tu lui montre ta trouvaille avant de reprendre, toujours dans un murmure.

- C'est celle d'Evergreen.

En vrai, tu te dis qu'après coup qu'il l'avait peut-être déjà reconnu lui aussi et que tu venais juste d'énoncer une évidence. Mais trop tard de toute façon, c'est déjà dit. Et si jamais Moody ne l'avait pas reconnu, au moins il a aussi l'information maintenant. Quel que soit le cas, vous avez quand même une preuve que d'une manière ou d'une autre, Alec Evergreen est venu ici. Pourquoi ? Ça, vous ne le savez toujours pas. Mais au moins, vous avez la confirmation que vous êtes bien sur ses traces.