a life of simple love

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ft. @Aberthol Ó Mordha theme song

tw : /

Juin 1984.

Matinée comme les autres. De celles où les gens lisaient le journal en sirotant le premier café de la journée. Sauf que pour Jude, lire un journal, c’était du travail, et la journée appelait le repos. Promesse qu’il avait faite à Abe de réellement couper ces jours là, sauf en cas de force majeure. Et aujourd’hui, aucune urgence, rien. Le tout Londres dormait encore, certainement, et les scandales aussi. Posé dans le canapé donc, buvant son quatrième café de la matinée, Jude lisait pour le plaisir. La chose était quelque peu nouvelle pour lui, et devant l’ennui certain à parfois attendre que son compagnon daigne se lever, il avait fini par lui voler quelques ouvrages, dévorés à toute vitesse. Déformation professionnelle, sans doute, lire vite et bien. Surtout qu’en l’occurrence, les ouvrages en question n’étaient pas souvent des plus intéressants. Du moins, pas pour Jude. Mais ce matin là, il avait jeté son dévolu sur un livre qui parlait constellations. Sujet qu’Abe affectionnait, auquel il voulait s’intéresser un peu pour, qui sait, peut-être l’anniversaire prochain ?

Son regard quitta finalement les pages pour remonter le long de la silhouette d’Abe, posé à côté de la fenêtre, presque encore endormi. Son profil se découpait joliment dans la lumière matinale, entre le rose et l’orangé. Jude n’était pourtant pas homme superficiel, mais ce matin-là plus que les autres, il réalisa combien Abe était beau. Réellement beau. Son geste pour se débarrasser d’une miette ou il ne savait trop quoi perdue à la commissure de ses lèvres ne gâcha d’ailleurs en rien le moment. « Je t’aime. » Le coeur avait débordé. Les mots avaient passé la frontière de ses lèvres étirées dans un sourire tendrement niais. Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi trois semaines et deux jours après Abe ? Aucune idée. Peut-être parce que les mots tournaient dans sa tête depuis trois semaines et un jour, finalement. Peut-être, simplement, parce qu’il était temps.

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ft. @Jude O'Riley theme song

tw : aucun
août 1984

ce n’était pas le ronronnement incessant et rassurant, juste à côté des oreilles, qui avait réveillé à cette heure bien plus matinale qu’à l’accoutumée. depuis la veille, t’étais répété que tu voulais émerger en même temps que jude, ou en tout cas essayer. possiblement que le sommeil s’était fait plus léger, s’était brisé en sentant un mouvement juste à côté. main tendue à l’aveugle pour la plonger dans le pelage du félin juste à côté, ronronnement s’amplifie d’autant plus, avant qu’il ne vienne frotter sa tête de manière de plus en plus insistante contre les doigts. serais bien resté plus longtemps dans le lit ; compagnon t’avait devancé et l’avait déjà quitté.

te motives enfin à en sortir à ton tour, frissons qui prennent dans tout le corps lorsque les pieds se posent sur le plancher ; craque tout le long jusqu’à ce que tu ne quittes la chambre, satisfaction de constater déjà que jude n’était pas encore parti, à l’entente de la douche un peu plus loin, et qu’il n’avait pas encore non plus lancé de quoi faire son café. plaisir de le lui préparer, de sortir des tasses et installer le tout à table. évites de te poser le temps qu’il finisse sa douche, risquerais bien trop de te rendormir, en un clin d’œil. le brun en sort bien vite de toute manière, ne peut que sourire en le voyant pour la première fois de la journée.

le laisses s’asseoir avant de venir te glisser derrière lui, laisser les bras se poser le long de son torse, en te penchant pour venir lui embrasser la joue. visage qui se cale bien vite près de son cou, fermes les yeux en profitant de sa chaleur, de son odeur, de ces quelques minutes de grappillées qui n’appartenaient qu’à vous. comme une envie que le temps puisse s’arrêter dans l’immédiat, finis par relever la tête, poser le menton sur le haut de la sienne. profites de quelques secondes de silence supplémentaires, avant de le briser.
« —je t’ai préparé ça, hier. » première raison de ton réveil aussi matinal ; fais venir la boîte jusqu’à vous, envie de lui faire plaisir, de lui faciliter un peu plus la vie en lui préparant un lunch. envie de te rappeler à lui au long de la journée. ne retiens pas cette envie de lui embrasser le haut de la tête au passage, avant qu’il ne parte pour toute la journée.
« —il se pourrait bien qu’il y ait un mot à l’intérieur. » gâchait un peu la surprise, que de le lui révéler, mais étais plus que certain qu’il préférait de loin être au courant à l’avance. laisses traîner les mains le long de ses bras le temps de te redresser, t’installer sur la chaise juste à côté de lui, laisser ses jambes s’étendre jusqu’aux siennes.
« —qui n’est qu’un article sur la murmuration des étourneaux, pour les regard indiscrets. » il valait mieux se préparer à tout plutôt que de se faire prendre de court.
« —mais je peux changer le sujet si tu préfères, si tu as un peu de temps. » sourire en te redressant un peu sur la chaise, pour te rapprocher un peu de lui, s’il lui restait un peu de temps, avais bien d’autres idées en tête, aussi.

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ft. @Aberthol Ó Mordha look and feel

tw : petite blessure, rien de méchant
Mars 1985.

Futilités évidentes. Jude n’avait jamais été adepte des mondanités, aussi bien en tant que jeune journaliste qu’on essayait de se mettre dans la poche qu’en tant que rédacteur en chef senior qu’on essayait de soudoyer. Mais cette fois, le patron avait été intraitable. Tu y vas O’Riley, ou je te refous deux semaines de vacances forcées. La menace avait été plus forte que ses convictions. Voilà donc qu’il était forcé de quitter le bureau en plein après-midi pour enfiler une tenue plus convenable. Comme sis ses traditionnelles chemises à carreaux ne pouvaient convenir à ses comparses de la presse européenne sorcière. Là-bas, tout le monde se méprisait cordialement, jugeait quelles que soient les apparences. Mais telles étaient les règles du jeu, et Jude entreprit de les respecter. Quitte à se changer, autant donc prendre une douche. La simple idée d’enfiler des fringues propres en ayant transpiré le répugnait prodigieusement.

Son entrée dans la salle de bain lui rappela qu’Abe était venu la veille, et s’était donc levé après son départ. Le dentifrice n’était pas à sa place, la serviette n’était pas parfaitement pliée sur le radiateur moldu. Agaçé, Jude replaça les choses au bon endroit. Au moins avait-il un autre sujet que le supplice qui l’attendait sur lequel grommeler sous la douche. Les trois minutes réglementaires passées, Jude ne put que remarquer les minuscules tâches sur le miroir que la buée faisait ressortir. Par Merlin, la magie simplifiait tout, ne pouvait-il pas faire attention ? Serviette autour de la taille, Jude alla donc chercher sa baguette dans le tiroir de son bureau où il la déposait toujours, remarquant sur le chemin quelques vêtements abandonnés sur dossier du canapé, une tasse à l’abandon sur la table basse. L’oisiveté d’Abe qui allait avec son futur changement de poste lui donnait pourtant tout le loisir de ranger, non ?

Irrité, donc, Jude rangea, grapillant quelques précieuses minutes qui le menaient peut-être à un potentiel retard. Ne manquerait plus que ça pour achever sa pénible journée. Direction ensuite la penderie, devant laquelle trônait une chemise dans laquelle il se prit les pieds. Son front rencontra allègrement le mur. « Mais putain ! » S’ensuivit une salve de grossièretés inhabituelles dans sa bouche, alors qu’il attrapait une chemise et la balançait sur le lit dans un geste de pure rage inutile. Son reflet dans la psychée lui renvoya un visage aux joues rougies par la colère, et au front qui laissa poindre une bosse. Quel était le sort pour ça déjà ? Pas le temps de tergiverser, il lui fallait enchaîner. Enfiler un costume, coiffer sa tignasse qui se faisait légèrement trop longue. Et finalement transplaner. Quoique… Voilà qu’il avait manqué récupérer son invitation. Ridicule, après tout, un nom aurait suffi, mais… Et alors qu’il ouvrait le tiroir pour récupérer le ticket aux dorures ostentatoires, son regard accrocha un autre billet. Murmuration des étourneaux. Les mots lui déclenchèrent un sourire, puis un soupir, avant qu’il ne transplane finalement dans un tout autre appartement.

Abe était là, posé sur le canapé à faire il ne savait trop quoi. Jude se planta devant lui, bras croisés pour lui laisser admirer les dégâts sur son front. « Me faudrait une potion pour ça. Pose pas de question, mais c’est ta faute. » Son ton n’était pas si rude, presque impertinent. Se penchant vers lui, Jude planta son regard dans le sien, l’air sérieux. « Mais dès que je rentre ce soir, je libère un tiroir pour tes affaires. » Ses lèvres lui volèrent un baiser, comme si l’instant n’était pas si important. Alors que même Maddy n’avait jamais, ôh grand jamais, eu le privilège d’avoir un espace dans sa penderie. Qu’il remercie les étourneaux.

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ft. @Jude O'Riley theme song

tw : mention de deuil
avril 1985

ne restait plus que quelques jours avant le départ pour poudlard, avais pratiquement tout préparé, vérifié au moins quatre fois qu’il ne manquait rien, même si pourrais revenir facilement ici le soir quand tu le souhaiterais. mais restait une partie de l’armoire dont tu n’avais toujours pas décidé quoi faire. celle que tu voyais pourtant tous les jours sans pour autant y toucher, le regard s’y posait inexorablement, sur les affaires de niamh. avais repoussé ce moment le plus possible, toujours trouvé des excuses pour ne pas t’y mettre, crainte d’affronter ce qui avait fait rechuter, puis avais finalement attendu que jude soit de repos pour y faire face. juste savoir qu’il n’était pas bien loin, rassurait. avais pu prendre plus facilement du recul, aborder ce rangement avec moins d’appréhension, et accepter cette envie d’avancer qui prenait plus grandement dernièrement. peut-être bien une envie de laisser plus de place à jude aussi, d’une certaine manière, toujours cette soirée en tête, où tu n’aurais jamais dû te rendre à la gazette.

avais tout sorti de l’armoire, essayé de ne pas trop t’attarder sur ce qui pouvait passer entre les doigts. te disais que ce qu’il y avait de mieux à faire, c’était de les monter au grenier, que les garder là, dans le quotidien, à faire plus de mal qu’autre chose, à rappeler plus de mauvais souvenirs que les bons. bruit de pattes qui se font entendre, rythme bien trop calme pour qu’il s’agisse du félin roux récupéré dans la rue. tournes la tête et voit sans grande surprise lorem se rapprocher, visiblement intrigué par ce que tu pouvais faire. viens se frotter avant de venir renifler le nouvel endroit presque dégagé, met les pattes de devant dans la boîte complètement vidée, avant de se décider à y entrer complètement, en faire le tour d’un air concerné et de s’y asseoir.
« —on garde ça comme ça alors ? » ronronnement pour toute réponse alors que le fléreur s’installe encore plus confortablement dans la boîte, s’y couche de tout son long, sans la moindre intention d’en ressortir de sitôt. le regardes quelques secondes avant de te relever, replier les dernières affaires encore à terre et rassembler le tout. reviens dans le salon les bras chargés, sous le regard de jude.
« —tout va bien ? » hésitation qui se creuse, pas certain toi-même de ce que tu pouvais ressentir là tout de suite. finis par hausser vaguement les épaules, accompagné d’un léger sourire, pas vraiment de mots pour qualifier le ressenti directement avant de redresser les bras pour mieux répartir le poids des caisses. aurais pu utiliser la magie, mais ça ne faisait pas de sens, voulais, tenais à le faire par toi-même, ou avec l’aide de ton compagnon.
« —tu peux ouvrir le grenier s’il te plait ? » plus l’envie de faire marche arrière ou de changer d’avis; même plus sur que jamais en croisant le regard du conjoint. montes les affaires un peu plus facilement que tu ne le pensais, sans cette impression de mettre niamh de côté, l’abandonner ou la remplacer.

besoin de passer la soirée aux côtés du brun, sans spécialement parler. juste à rester couché pendant qu’il lisait, la tête posée sur ses jambes, l’esprit un peu plus tranquille, un peu plus léger aussi, en le regardant tourner les pages, à sourire en observant ce pli si particulier qui se formait entre ses sourcils lorsqu’il se concentrait sur quelque chose. pourrais jamais te lasser de ce genre de moments, ou de lui, tout simplement et plus que jamais, l’aimais.

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ft. @Aberthol Ó Mordha look and feel

tw : /
Avril 1985.

Nuit pas encore tombée, et pourtant. « Percival, je te laisse les rênes. » Le second de la Gazette lui lança un regard quelque peu surpris, comme s’il ne se souvenait pas des premières phrases lâchées le matin même. « Très bien Jude, passez une bonne soirée. » Sans rien rétorquer, Jude attrapa son manteau et prit le chemin de la sortie sous les regards soulagés de ses rédacteurs, ravis d’avoir à faire avec le plus souple Percy. La valse des politesses continua, presque ironique lui sembla-t-il. Pourvu que l’édition de demain tienne la route, par Merlin. Lorem, à sa suite, slaloma entre ses jambes, comme pressentant que leurs pas les menaient chez Abe. « Oui, oui, tu auras ta dose de câlins. » C’était que son fléreur semblait encore plus affectueux envers sa moitié qu’avec lui. Un bon signe, en soit. Lorem était aussi exigent que lui envers la nature humaine.

Quelques minutes plus tard, Jude investissait l’appartement qui lui semblait être presque autant le sien que celui qu’il louait officiellement. Il fallait bien avouer que la position géographique aidait, limitant les transplanages. Le lieu aussi avait tout d’Abe, rassurant, chaleureux. Tout l’inverse de son deux pièces asseptisé. D’un coup de baguette, il rangea le bazar environnant, nettoya la cuisine qui laissait entendre l’empressement d’Abe ce matin à partir direction son nouveau poste. Il lui restait une petite heure avant son retour, du moins était-ce l’horaire qui lui avait été annoncé. La ponctualité n’étant pas la spécialité d’Abe, peut-être aurait-il à patienter. Soit. Machinalement, Jude prit la direction de la salle de bain et se doucha, nettoyant son corps de la légère couche de crasse accumulée dans sa journée pourtant sédentaire. Face à la penderie, le choix ne fut pas bien difficile, et le fit opter pour une chemise colorée, délicat tissu orangé au motif légèrement trop tape-à-l’oeilpour lui, mais soit… Abe l’aimait, ce bout de tissu. Déjà, on frappait à la porte. Au moins le restaurant qu’il avait choisi était ponctuel, lui. Jude reçut la commande, la posa dans le four en fonction pré-chauffage pour maintenir la chaleur. S’installa dans le canapé en attrapant une édition de la Gazette de la veille, le regard alerte quelques instants sur les articles importants - impeccables, heureusement - avant de filer à une rubrique à laquelle il n’accordait jamais aucune énergie. Eh bien, eh bien.

Une heure et quatorze minutes plus tard, Lorem eut tout le loisir d’accueillir son autre maître, alors que Jude paressait dans le canapé en somnolant face à un paragraphe compliqué sur la théorie des cordes d’un bouquin subtilisé sur la table basse. « Alors, cette première journée ? » Sa voix laissait paraître une pointe d’impatience alors qu’il se levait pour souhaiter lui aussi un bon retour à Abe, déposany sur ses lèvres un doux baiser. « J’ai commandé japonais. Je me suis dit que ça te plairait. » Sur la table où les attendaient quelques bougies déjà bien entamées, le journal lu juste avant ouvert à une page bien précise, un trait d’encre cernant un paragraphe. « Je t’ai réservé une petite lecture en guise de dessert. » Ou d’entrée, connaissant l’impatience de l’homme qu’il aimait. Vend maison de charme dans cottage calme, Ecosse. Proche Poudlard, jardin agréable, exposée plein sud. Le rêve d’Abe, il le savait. Un pas de plus franchi, peut-être. Ou alors, était-ce trop pour une seule journée ? Le doute, subtilement, s’était installé. Non, c’était le moment ou jamais.