marigold
@madeline nott — helford, janvier 1985
tw : blessure.

Selene était rentrée d'un périple au Paraguay la veille, l'esprit encore un peu nébuleux en raison du décalage horaire. S'était levée une fois le soleil au zénith et encore fallait-il pouvoir l'apercevoir entre l'épaisse couche de nuages gris. Elle ne perdit pas plus de temps, avait déjà envoyé un hibou à Madeline pour la prévenir de son retour et qu'elle était invitée à boire le thé. Elle comptait lui faire goûter le breuvage traditionnel sud-américain fait à base de yerba maté. La magie opère enfin pour passer un rapide coup de poussière, tandis que l'eau bout. Citron et gingembre en infusion, Selene s'en fait une large tasse avant de rejoindre l'extérieur. La chair de poule apparaît aussitôt sur ses bras nus, elle s'acclimaterait bien rapidement au temps dégueulasse anglais – comme à chaque fois. Elle fait le tour de son cottage, entre fleurs et arbustes, rejoint la petite serre. Si celle-ci semble minuscule d'apparence, il ne s'agit que d'un leurre. La superficie n'en est que décuplée une fois à l'intérieur. Tout en buvant son infusion, Selene flâne sous la chaleur tropicale artificielle. Se promène entre les différents varietés, inspectrice des lieux après son escapade. Madeline était passée arroser et nourrir toute cette joyeuse petite bande. La botaniste termine son tour mais s'arrête net devant la plante-mangeuse-de-crapaud qui semble lui sourire avec son apparence de serpent ivoire. Elle semble surtout avoir doublé de volume. « Toi, t'as pas mangé que des crapauds pendant mon absence. » La tasse dans la main gauche, son index vient la gratouiller sous sa tête. La plante anuraphage se met aussitôt à siffler en secouant ses fleurs blanches. Selene ajoute de l'eau fraîche autour de sa racine torsadée et se met au travail.

Assise à une large table en bois, elle coupe, trie et dispose les graines de bromella serra dans différents petits sachets. Prend des notes parallèlement sur son carnet qu'elle traîne partout avec elle. Sous la chaleur moite de la serre et les murmures de la flore, Selene attache ses longues tresses derrière son crâne. Fredonne une mélodie moldue entendue dans un café à Asuncion, tout en surveillant du coin de l'oeil la jeune tentacula vénéneuse à qui elle devait refaire une nouvelle coupe. Tout d'un coup, la sorcière se stoppe et lève son nez vers le plafond en verre. Se focalise sur ce qu'elle sent autour d'elle et son environnement. Ses yeux se posent alors vers l'entrée ouverte de la serre à quelques pas seulement. Et elle attend. Guette un signe, guette le signe évident qui va se passer. Quelques secondes s'envolent et au loin, le son du carillon accrochée à l'entrée retentit; Madeline est arrivée. Selene revient à elle et se lève, donne un coup de baguette pour ranger les affaires dans les tiroirs métalliques du placard jusqu'à côté. Déjà la chevelure blonde de son amie scintille à l'entrée. « Maddie. » Sourire chaleureux sur les lippes, elle tend son bras pour se saisir de la bouteille d'eau en verre sur la table. Quand soudain une douleur inattendue la traverse, Selene lâche un juron. Pose ses iris immédiatement sur sa main gauche, où les dents de la tentacula vénéneuse sont plantées dedans. Elle inspire calmement, son poignet retenu par les vrilles de la plante. Elle cherche un instant le regard de Maddie, everything's fine, « Donne-moi une minute. » prononcé la mâchoire serrée. Aurait été bien moins drôle si une tentacula adulte l'avait mordue plutôt qu'une jeune – serait sans doute déjà en train de convulser au sol. Mais tout est sous contrôle. Le bras droit définitivement trop court pour attraper son couteau de jardinage, elle choppe sa baguette et lance un « Diffindo. » Tranche les deux têtes plantées dans sa chair, entre son pouce et son index, son poignet retrouve aussitôt sa mobilité. La tentacula couine et se rétracte. Elle ne perd pas de temps et l'enferme sans plus de cérémonie dans sa cage d'origine. Selene glisse sa baguette dans l'élastique de son pantalon léger et récupère sa bouteille, avant de rejoindre son amie. Secoue un peu sa main qui la lance sur le moment, des gouttelettes de sang apparentes. Elle appliquerait de la lavande pour apaiser sa peau, Selene peu adepte de magie pour une blessure aussi bénigne et sans danger. « Elle faisait ses dents. » Explication offerte à Madeline, non sans pouffer. Elle verrouille la serre derrière elles et passe un bras autour des épaules de la blonde tout en rejoignant la maison. « Alors, comment vas-tu ? »

marigold
@Selene Zabini — janvier 1985

tw: mariage arrangé/forcé, blessure
La lettre de Selene avait littéralement illuminé la journée de Madeline. Elle se languissait de son retour, et n’avait pas pu cacher sa joie en lisant le court parchemin, lors du déjeuner. Son enthousiasme n’avait même pas été douché par son père qui s’était enquit de la raison de son allégresse pour ensuite embrayer sur son désir de voir lui aussi la jeune femme. Madeline avait dû tempérer ses ardeurs, de peur qu’il ne la rejoigne à l’heure du thé pour s’incruster à leurs petites retrouvailles. Il lui avait laissé une liste de doléances à présenter à Selene, mais n’avait pas insisté davantage pour se déplacer lui-même. Et Madeline avait pu vaquer à ses propres occupations, le cœur un peu plus léger à présent qu’elle savait pouvoir retrouver son amie dans peu de temps.

Quelques heures plus tard, elle transplanait dans ce recoin de verdure désormais familier où se tapissait le cottage de Selene. Elle s’y était réfugiée à plusieurs reprises ces derniers mois, même en l’absence de son ami, pour s’échapper de Skyward Manor et retrouver un peu de tranquillité. Si elle ne regrettait absolument pas de ne plus vivre dans le manoir de feu son mari, elle avait beaucoup de mal à s’acclimater au retour chez ses parents. Elle avait tout tenté pour obtenir le droit de vivre seule, mais s’était heurtée à un refus catégorique de ses géniteurs. La confiance aveugle qu’ils avaient en elle avant son mariage s’était érodée, et elle se savait sur une pente glissante. Vivre avec eux était une concession qu’elle se devait de faire pour espérer accéder à d’autres privilèges. Malheureusement, éviter un nouveau mariage n’était pas de ces privilèges. Sa mère ne parlait que de ça, constamment, et Madeline n’en pouvait plus. Elle en venait presque à souhaiter que cette satanée union soit actée, pour fuir ses parents et faire face à ce qui l’attendrait ensuite.

Mais cet après-midi, au moins, elle était libre. Elle se dirigea immédiatement vers la serre, certaine d’y trouver Selene. Après tant de temps loin de ses plantes, elle devait y avoir passé toute sa journée, si elle n’y avait pas également passé la nuit. « Maddie. » Gagné. « Sese ! » Elle traversa la serre pour la rejoindre, mais avant qu’elle ne l’ait atteinte, elle vit le visage de Selene se crisper et un juron sortir de ses lèvres. Elle n’eut pas à en chercher bien loin la raison : une tentacula vénéneuse juvénile avait planté ses crocs dans sa main et s’y accrochait fortement. Madeline aurait pu intervenir facilement, mais elle laissa Selene s’occuper de la plante vorace. Elles avaient travaillé ensemble sur les plantes et les potions suffisamment longtemps pour que leur dynamique soit établie : chacune se débrouillait seule, à moins de demander explicitement de l’aide. Ou à moins d’être en réel danger sans possibilité de s’exprimer, ce qui n’était pas le cas aujourd’hui. Les sourcils relevés et les bras croisés sur la poitrine, Maddie regarda Selene trancher sans pitié la tête de la plante, puis la remettre dans sa cage. « Elle faisait ses dents. » Un sourire étira les lèvres de Madeline. « Oh, je sais. Elle a essayé de goûter à mes doigts la semaine dernière. » Elle attrapa délicatement la main de Selene et étudia la plaie qu’y avaient laissé les dents de la plante. « Pas trop de mal ? » Demanda-t-elle avant de se laisser entraîner à l’extérieur de la serre.

Et tandis que Selene passait son bras autour de ses épaules, elle la prit par la taille et soupira doucement, heureuse de leur proximité, heureuse de la retrouver. Elle se sentait bien mieux, à ses côtés, qu’elle ne l’avait été depuis des mois. « Alors, comment vas-tu ? » Madeline soupira en entrant dans le cottage. « Hmm. Disons que la tentacula n’a pas été la pire chose qui me soit arrivée la semaine dernière. » Fit-elle avec un grognement en relevant sa main gauche à la hauteur de leurs yeux et en faisant jouer ses doigts dans les airs. Le diamant de la bague de fiançailles, à son annulaire, scintilla dans la lumière du jour. « J’ai sérieusement envisagé de la laisser engloutir ma main, rien que pour ça. Mais je ne suis pas sûre que ce caillou soit très digeste, ça m’aurait fait de la peine de tuer ta jolie plante. Elle n’y est pour rien, elle. » Elle laissa retomber sa main. « J’espère que tu as assez d’aventures à me raconter pour me faire oublier ça. »

marigold
@madeline nott — helford, janvier 1985
tw : mention de mariage forcé, décès.

Moue quelque peu embêtée de savoir que la tentacula vénéneuse avait déjà mordu Madeline. Une bénédiction qu'elle soit encore jeune mais la botaniste devrait déjà penser aux futures mesures à prendre, concernant la toxicité de la plante. Elle secoue la tête à la question de sa meilleure amie ; morsure bénigne, elle avait connu pire niveau douleur. Enlacées l'une à l'autre comme des siamoises, elles rejoignent l'intérieur du cottage plus accueillant que la brise hivernale de ce début d'année. « Hm ? » Ne sait pas où Madeline veut en venir mais ne patiente pas très longtemps lorsqu'elle aperçoit la bague étincelante à son annulaire. « Mille Gorgones ! » Elle s'exclame et lui attrape la main, comme si elle comptait inspecter le gros diamant de plus près – pourrait clairement aveugler un borgne. « T'as bien fait de ne pas lui avoir fait engloutir ta main, ouais. » La tentacula n'aurait pas fait long feu avec la bague au fond du gosier. « Tu vois, ça n'aurait jamais pu marcher entre nous. J'ai clairement pas les moyens de t'offrir une telle bague. » Douce plaisanterie face au sérieux et à l'amertume de la situation. Alors c'était officiel, les parents Nott avaient finalement trouvé un nouvel époux à leur unique fille. « Toutes mes condoléances... » Plus original et plus adapté que des félicitations. La troisième fois qu'elle lui soufflait ces mots ; à ses premières fiançailles, au décès prématuré du vieux troll et maintenant. Madeline coincée et soumise à ce même schéma, souhaité uniquement par ses parents. Selene lui lâche la main et rejoint la cuisine ouverte, en train de faire tous les placards pour retrouver le pot de miel de châtaignier. « Attends, attends. » Elle a déjà milles questions à lui poser quant à ses fiançailles, est déjà en train de les énumérer dans un coin de son esprit, bien que la principale concernée ne soit pas très enclin à la conversation. Finalement, elle met la main sur le miel, attrape une cuillère et étale la pâte dorée sur la blessure entre son pouce et son index. Elle se retourne pour regarder Madeline, les épaules nonchalantes. « Mon voyage n'avait rien d'exceptionnel. » Pouvait toujours lui raconter qu'elle avait été clouée au lit dès son arrivée, après avoir consommé par inadvertance de l'eau contaminée – alors qu'elle connaissait les risques. Rien de passionnant, une erreur de débutant pour une connaisseuse comme elle. Fait chier. La bague de Madeline étant un bien meilleur sujet, du vrai thé, à consommer avec un bon thé. La cuillère à la saveur sucrée termine dans sa bouche tandis qu'elle met à bouillir de l'eau sur la cuisinière. Cuillère balancée dans l'évier, elle leur prépare deux tasses et déjà la première question lui brûle les lèvres. « Avec qui ? Me dis pas qu'il est aussi vieux que grand-père Nott. » Tout ce qu'elle peut espérer pour elle. Si le mariage est non désiré, peut-être qu'il pourrait être un poil plus agréable que le précédent. À commencer par l'identité et l'âge du fiancé. Après avoir jeté un coup d'oeil à la pendule, Selene opte pour du rooibos à la vanille gourmande plutôt que le yerba maté qu'elle avait rapporté du Paraguay. Extrêmement fort en caféine, elle s'en voudrait si Madeline ne fermait pas l'oeil de la nuit à cause d'elle. L'eau bouillante prête dans la théière, elle installe le filtre avec les feuilles rouges du rooibos. Plus besoin d'inviter Madeline à la suivre puisqu'elle était ici comme chez elle. Selene porte le plateau chargé du thé ainsi que de shortbreads écossais à se damner, et le dépose sur la table basse du salon. La lumière du jour a baissé mais éclaire encore la totalité de la pièce. « Le mariage est pour quand ? » Elle récupère son cardigan qu'elle porte à ses épaules et quelques brins de lavande au passage, dans un pot sur le rebord de la fenêtre. Les applique sur le miel collant et aseptisant sur sa peau, avant de s'installer sur le canapé aux côtés de la future mariée. Elle doit rattraper le temps perdu de ces derniers jours.

marigold
@Selene Zabini — janvier 1985

tw: mariage arrangé/forcé, blessure
« Mille Gorgones ! » Réaction parfaitement en accord avec l’énormité de la nouvelle – et du caillou – qui tira un rictus amusé à Madeline. Elle avait voulu lui annoncer la nouvelle depuis des semaines, mais ne voulait pas le faire par hibou, bien trop impersonnel. L’attente lui avait parut bien longue, pendant que son amie courait le vaste monde et qu’elle-même se faisait passer la corde au cou. « Tu vois, ça n'aurait jamais pu marcher entre nous. J'ai clairement pas les moyens de t'offrir une telle bague. » Le thème familier de la plaisanterie lui tira un rire. « Oh, mais toi et moi on n’était pas faites pour se marier, on se serait enfuies pour vivre ensemble loin d’ici. » Les mots étaient à peine prononcés qu’elle les regretta, le souvenir d’une autre femme lui revenant soudain en mémoire. Elle, elle aurait tant désiré s’enfuir avec Madeline et vivre loin d’ici, si cela pouvait signifier rester ensemble … Mais Madeline avait balayé ses désirs du revers de la main, brisant les rêves de cette femme tant aimée et réduisant ainsi leur relation à néant. Les regrets la brûlaient encore comme un fer chauffé à blanc. Pourtant même à Selene, elle n’en parlait pas. Il était moins douloureux de se plaindre de son futur mariage, et d’imaginer de nouveaux moyens de se dérober à son prochain mari, que d’évoquer les blessures encore trop fraîches de son cœur glacé.

« Toutes mes condoléances... » Voilà une phrase qui revenait un peu trop souvent à son goût – mais qui était pourtant si bien adaptée à la situation. « Merci. » Répondit-elle, aussi sincère que l’avait été Selene. Tout en la regardant appliquer du miel sur sa plaie, elle songea à ces deux précédentes fois où la jeune femme lui avait offert ses condoléances. Son mariage, puis le décès de son époux … Elle les avait davantage méritées pour son mariage, où elle avait enterré sa liberté et une grande partie de sa joie de vivre. Enterrer l’homme avec qui elle avait vécu neuf ans avait été une vraie promenade de santé, à côté. « Mon voyage n'avait rien d'exceptionnel. » Madeline poussa une petite exclamation peu convaincue. « Tu dis ça à chaque fois. Et à chaque fois, je dois te tirer les vers du nez pour découvrir que tu as passé tes soirées dans un club de duel clandestin ou que sais-je encore. » Elle essuya machinalement les quelques gouttes d’eau qui avaient coulé de la bouilloire tandis que Selene préparait le thé. Elle bichonnait cette maison comme si c’était la sienne, elle s’y sentait tellement bien. « Rappelle-toi que je vis chez mes parents. En-dehors de mon boulot, ta vie est la chose la plus passionnante qui puisse m’arriver. Il faudra que tu me racontes absolument tout. »

Mais bien entendu, Selene avait d’autres sujets à aborder en tête. « Avec qui ? Me dis pas qu'il est aussi vieux que grand-père Nott. » Madeline grimaça. « Non, ma mère a retenu la leçon. Elle veut des petits-enfants, elle a misé sur un prétendant plus jeune cette fois. » Plus jeune, plus robuste, plus apte à donner aux Nott la descendance qu’ils attendaient tant. Les enfants de Marius et Cordelia ne suffisaient pas à les satisfaire. Madeline suivit Selene dans le salon, ménageant son effet avant de révéler le nom de l’heureux élu. « Il n’en reste plus tellement, des célibataires dans la bonne tranche d’âge. » Et de bonne famille, il était inutile de le préciser. « Je ne sais pas comment il a fait pour éviter le mariage jusque là … Il doit avoir des vices cachés, je me fais une joie de les découvrir. » Fit-elle avec un rictus crispé. Elle se laissa tomber plus qu’elle ne s’assit dans le canapé, et se décida dans un soupir à dévoiler l’identité de celui qui lui avait passé la bague au doigt. « C’est Rabastan Lestrange. Le légiste en chef de Ste Mangouste. » Ajouta-t-elle avec un regard appuyé à Selene, certaine qu’elle comprendrait les conséquences qu’impliquait son métier. « Le mariage est pour quand ? » « Bientôt. Mes parents sont pressés, ils veulent que tout soit bouclé avant l’été. » Ils n’avaient pas encore arrêté de date, mais ce n’était qu’une question de temps. « Ce sera une cérémonie en petit comité, cette fois. » Un deuxième mariage n’avait jamais la même prestance qu’un premier. Elle prit sa tasse sur la table basse et souffla sur le liquide brûlant, puis releva les yeux vers sa meilleure amie. « S’ils me laissent choisir … Accepteras-tu d’être mon témoin ? »

marigold
@madeline nott — helford, janvier 1985
tw : mention de mariage forcé.

Selene écoute attentivement les mots de sa meilleure amie résonnant dans l'atmosphère sereine du cottage. Un sourire aux airs mélancoliques étire ses lèvres alors qu'elle perçoit la douleur dissimulée derrière la plaisanterie. Elle savait trop bien que ces paroles avaient un sens caché. Fuir pour échapper aux bienséances et responsabilités, elle savait que c'était ce dont rêvait Madeline. Fuir non pas avec elle mais une autre femme, celle qu'elle fréquentait secrètement – a des lieux de savoir que leur relation n'était plus. Parfois, la botaniste oubliait la chance qu'elle avait ; celle d'être libre. Avoir affronté les dictats de son père à maintes reprises, et sans doute elle n'y aurait jamais pleinement réussi sans l'influence de son sang impur. Comme quoi, il y avait du bon même dans le mauvais.

Pas de club de duel clandestin, ni de que sais-je encore ; pour une fois Selene avait vraiment rien de croustillant à lui raconter.  « J'te jure, rien d'exceptionnel cette fois-ci. » Obligée de se répéter face à la moue peu convaincue de Madeline. Pas sûr que cette dernière souhaite connaître les détails de la bactérie qu'elle avait choppée, même si en fin de compte cela serait toujours un plus palpitant que son quotidien isolé au Skyward Manor. À demi-distraite par la préparation de leur collation, n'avait quand même pas loupé de poser la question la plus importante. Les informations tombent sur le prétendant, Selene lui lance un coup d'oeil par-dessus son épaule. « Bizarre. » Un homme célibataire de sang pur et de la même tranche d'âge ? À contrario des mauvaises herbes, ça ne courait pas les rues. Et pourtant, elle connaissait au moins un nom. « L'est pas eunuque quand même ? » De la plaisanterie derrière la fausse suspicion, madame Nott avait dû quand même se renseigner au préalable si elle y tenait à ses futurs petits-enfants. Changement furtif de décor en retrouvant le salon baignant dans les dernières lueurs du jour. « Lestrange et légiste. » Enregistre peu à peu la révélation, et franchement, ça pue la merde. Autant pour le patronyme que pour l'emploi. Selene ne peut s'empêcher de lancer un regard inquiet à la future mariée. Si elle ne connaît pas personnellement Rabastan et ne saurait même pas le reconnaître physiquement, c'est bien différent concernant Rodolphus et son épouse, Bellatrix. Les a déjà aperçus lors d'un regroupement des mangemorts, fervents assassins pour le seigneur des Ténèbres. Ils seraient prêts à tout, complètement aliénés – surtout Bellatrix. Fait tout pour se tenir loin de ce duo mortel, de l'autre côté de la pièce, ne veut absolument pas avoir affaire à eux. Madeline sonne le glas en ajoutant la date du mariage, si proche, déjà l'été prochain. Selene, immobile, ne sait pas quoi dire sur le coup. Devrait sans doute la rassurer, la réconforter sur ce nouveau mariage mais peine à trouver les bons mots. Parce qu'à défaut de vouloir seulement la rassurer, elle cherche aussi à se rassurer elle-même. Soudain, un « oui » passe la barrière de ses lèvres lors de la demande officielle d'être sa témoin. « Bien sûr que j'accepte. » Seulement si Madeleine aura son mot à dire. Pas que Zabini soit adepte d'un petit comité pompeux avec la crème de la crème des sorciers mais elle ne laissera pas tomber sa meilleure amie. Elle se penche enfin sur la table basse, attrape la tasse. Souffle quelques instants sur le thé brûlant. « Tu feras attention, hein ? Je ne sais pas ce que vaut ce Rabastan mais son travail ne me dit rien qui vaille. » Encore moins sa famille. Pas qu'elle finisse à son tour dans la morgue de Sainte-Mangouste à cause d'un faux pas. L'éventualité même de se débarrasser du second époux semble déjà compromise.

marigold
@Selene Zabini — janvier 1985

tw: mariage arrangé/forcé, mention de meurtre
« J'te jure, rien d'exceptionnel cette fois-ci. » D’un soupir, Madeline finit par accepter les protestations de Selene. Si elle avait très envie de parler de son engagement et de son futur époux – pour le mettre plus bas que terre et en ressentir un petit plaisir mesquin bien mérité – elle n’aurait pas craché sur une histoire un peu différente. Mais tant pis, pas de récit passionnant ou juste drôle pour lui faire oublier un peu son quotidien morose et les nuages noirs qui s’amoncelaient sur son futur. Malgré tout, cela faisait beaucoup de bien de pouvoir enfin parler de ce qui s’était passé ces dernières semaines. Autour d’elle, tout le monde s’attendait à ce qu’elle soit soulagée d’avoir gagné un époux jeune et fringuant au lieu d’un autre vieux barbon. Il était tellement commun de se marier par convenance plutôt que par choix, dans leur milieu. Rabastan était un morceau de choix pour beaucoup. Pas moyen de se plaindre à tous ceux-là, ils ne comprendraient pas. Et pire encore, ils risquaient de murmurer sur son dos, chose impensable. Il n’y avait bien qu’avec Selene qu’elle pouvait partager ses réels états d’âme.

« L'est pas eunuque quand même ? » Madeline éclata franchement de rire, soulagée par cette plaisanterie sur un sujet pourtant si épineux. Mieux valait en rire, c’était certain. « Je te dirais ça après la nuit de noce ! » Elle eut un rictus en imaginant le sombre Lestrange sans ses attributs masculins. Il en devenait d’un coup bien moins impressionnant ! Il y avait peu de chances que ce soit la véritable raison de son célibat, mais c’était drôle à imaginer. « Mais même s’il ne l’est pas … Je me suis fait une image mentale que je vais garder bien précieusement pour les mauvais moments. » Elle aurait de quoi rire toute seule, ce n’était pas si mal. « Lestrange et légiste. » Selene avait soudain l’air sombre et Madeline ne pouvait que suivre le fil de ses pensées. Les Lestrange n’étaient pas connus pour leur joie de vivre ou leur amabilité, alors un légiste … Madeline avait déjà commencé à se renseigner sur tous les membres de sa future famille, mais étrangement, elle avait beaucoup plus de mal à recueillir des informations sur Rabastan que sur les autres. « Hm-hm. C’est prometteur. » Lâcha-t-elle, amère. Mais elle n’avait pas le choix et elle ferait avec ce qu’on lui imposerait. Peut-être, néanmoins, aurait-elle la possibilité de choisir celle qui l’accompagnerait dans cette épreuve. Et si c’était le cas, elle voulait que ce soit Selene. « Oui » Un grand sourire éclaira son visage. « Bien sûr que j'accepte. » « Merci ! » Elle se pencha pour prendre sa meilleure amie dans ses bras et la serra longuement contre son cœur. Elles étaient amies depuis si longtemps, elles partageaient absolument tout – ou presque. Il n’y avait personne d’autre que Madeline souhaitait à ses côtés pour entrer dans son nouvel enfer. « Je vais faire en sorte que tu puisses être là. » Lui promit-elle à l’oreille avant de la relâcher.

« Tu feras attention, hein ? Je ne sais pas ce que vaut ce Rabastan mais son travail ne me dit rien qui vaille. » A nouveau un soupir tandis que Madeline s’enfonçait dans les coussins du canapé. « Oui, je sais. » Elle attrapa sa tasse et la fit tourner entre ses mains, sans y porter les lèvres. « Il est au courant, pour le vieux. C’est lui qui a réalisé l’autopsie. Il a attesté qu’il était mort d’une crise cardiaque, et il m’a fait venir à la morgue pour me dire qu’il savait et que, en gros, il s’en foutait. Mais je ne lui fais pas confiance. » Elle grimaça. « D’autant que quand il l’a autopsié, il n’était pas au courant qu’on devait se marier. Je te laisse imaginer sa surprise. » Il avait eu largement le temps de regretter son certificat falsifié, depuis. S’il l’avait voulu, il aurait pu se débarrasser d’elle avec une simple signature. Et dans le fond, il le pouvait toujours. Il tenait sa vie entre ses mains. Une idée désagréable s’il en était. « Ce sera plus compliqué de m’en débarrasser. »