put a ring on it
@MADELINE NOTT — janvier 1985

tw: alcool, meurtre, mariage forcé.
L’accord a été prononcé, le dîner a eu lieu. Dans quelques mois, le mariage sera prononcé. Rabastan ne s’est jamais senti aussi seul que depuis qu’il est fiancé. Seul face à un destin qu’il a longtemps esquivé. Il lui arrivait d’espérer qu’il finirait par passer au travers, que son père se contenterait du mariage de son aîné. Mais pourquoi ne pas offrir une nouvelle alliance à la famille Lestrange ? Le manoir est vide, hanté par les souvenirs. Nostalgique, le corbeau descend jusqu’à la cave. Il pousse la porte blindée et entre dans la pièce aux murs matelassés. Ses doigts glissent sur les traces de griffures. Les murs portent les mêmes entailles que son coeur. La marque de Mathilda. Le seul souvenir qui reste d’elle. Il lâche un soupir, Rabastan. Et il quitte la pièce. Il a fait le deuil des espoirs qu’il avait pour lui et la louve. Jusqu’à il y a quelques semaines, il espérait encore qu’elle réapparaisse. Qu’elle ait pris peur, qu’elle s’excuse. Il lui aurait pardonné, aurait même été prêt à disparaître à ses côtés. Aujourd’hui, ce sont ses espoirs qui disparaissent pour de bon. Son destin l’a rattrapé, il ne peut plus y échapper.

Le légiste remonte jusqu’à la cuisine. Il attrape la petite boîte qui traîne sur le comptoir et la glisse dans sa poche. Il en profite pour se servir un verre de whisky, qu’il avale d’une traite. Puis il enfile sa veste et quitte son sinistre manoir. Il déploie ses ailes, le corbeau. Et il traverse les plaines. Survole ruelles et hameaux. Champs et forêts. Il n’y a que là qu’il se sent libre. En apesanteur au-dessus du monde. Et l’horizon comme seul obstacle.

Rabastan pose pied à terre. Il glisse une main dans ses cheveux, pour les arranger. Comme si ça allait changer quoi que ce soit. Et il se dirige vers l’entrée du Skyward Manor. Demeure des Nott. Il frappe, trois coups, et recule d’un pas. Il se tient droit, les mains liées dans son dos. Après quelques secondes, la porte s’ouvre. Il reconnaît sa chevelure blonde. « Madeline. » Il la salue d’un signe de tête, léger sourire accroché au visage. Sourire forcé, comme leur mariage. Rab se demande à quel point elle le déteste. Parce qu’il le sait. Il le sent. Elle le déteste. Ça se voit dans son regard, et dans le ton qu’elle emploie à chaque fois qu’elle lui adresse la parole. Elle aurait sans doute espéré qu’il s’oppose au mariage. Qu’il les sorte de là. Mais comment aurait-il pu ? Il n’en a pas le pouvoir. Peut-être que dans quelques mois, il finira dans l’un des frigos de la morgue. Comme son ex-mari. Peut-être a-t’elle l’intention d’empoisonner chacun des maris que sa famille lui imposera. Heureusement, Rabastan n’a pas peur de la mort. Une qualité précieuse, surtout en ce moment précis. Sa main glisse dans sa poche, et il attrape la petite boîte de velours. « Je suis venu t’apporter quelque chose. » Il la lui tend. Une bague de fiançailles. Il l’a choisi seul, après beaucoup de recherches. Dans toute sa maladresse, le voilà qui essaie de faire les choses à peu près correctement. Quel idiot.

put a ring on it
@Rabastan Lestrange — janvier 1985

tw: mariage arrangé/forcé
Un silence de plomb régnait dans le manoir quand des coups retentirent à la porte d’entrée. Les elfes avaient déserté les lieux après la violente dispute qui avait opposé Madeline à son père, et personne ne se précipita pour répondre au visiteur. Les débats étaient rares au Skyward Manor, et plus rares encore étaient les éclats de voix, mais tous deux avaient eu lieu dans le courant de l’après-midi et les murs en avaient tremblé. Jusqu’aux tableaux des aïeux qui s’étaient détournés pour ne pas avoir à être témoin du dégradant esclandre familial, plus un son n’avait été émis après la furieuse sortie du patriarche Nott et le repli de la cadette dans la serre attenante au salon. Madeline mettait rarement les pieds dans ce lieu, qui était le domaine de son père ; et pendant un instant, elle avait été tentée de défouler sa colère sur les plantes qui faisaient la fierté de son géniteur. Mais elle n’avait pas cette cruauté, et les plantes ne méritaient pas le sort qui lui avait effleuré l’esprit. D’autant qu’au fond, elle savait que si son père pouvait rapidement effacer leur dispute si elle se faisait oublier, jamais il ne lui pardonnerait qu’elle détruise ses créations. Elle avait donc pris un fin sécateur et s’était plongée dans la taille minutieuse d’un petit arbuste, tâche qui eu le mérite de calmer ses nerfs – et qui prouverait à son père qu’elle n’avait pas que de mauvais penchants, comme il semblait le penser.

Il n’y avait donc personne pour se précipiter à la porte pour répondre au visiteur, et Madeline fut obligée de se déplacer en personne. Elle eut un mouvement de surprise en reconnaissant Rabastan Lestrange. Si leurs fiançailles avaient été officialisées par un repas extrêmement pompeux entre les deux familles, ils ne s’étaient pas revus depuis et Madeline s’en trouvait tout à fait satisfaite. Le moins elle le voyait avant d’être obligée de vivre avec lui, le mieux elle se portait … « Madeline. » Elle le gratifia à son tour d’un hochement de tête poli. « Bonjour, Rabastan. » Elle resta sur le pas de la porte sans l’inviter à entrer, espérant que leur échange se termine au plus vite. Il n’avait pas davantage envie d’être marié qu’elle ne l’était et elle ne savait pas ce qui le poussait à provoquer cette entrevue. « Je suis venu t’apporter quelque chose. » Il sortit de sa poche une petite boîte dont la forme ne laissait aucun doute sur son contenu. Déconcertée, Madeline écarquilla les yeux et eut un temps d’hésitation avant de finalement tendre la main pour prendre l’écrin, presque à contrecœur. A l’intérieur, une bague trônait sur un coussin de velours. Etrangement touchée par le geste, Madeline en resta muette de saisissement. Ce n’était pas le genre de bague qu’elle aurait choisie elle-même, mais elle était magnifique – et visiblement hors de prix. Elle esquissa le geste de la prendre mais elle se rendit compte que ses doigts étaient tachés de terre et de sève. « Hm. Entre donc. Je vais me laver les mains, j’étais en train de … » Sa voix mourut sur ses lèvres quand elle réalisa qu’elle n’avait pas à se justifier. Elle se sentait vulnérable, elle n’aimait pas cette sensation. Elle referma la grande porte derrière lui et le conduisit en silence jusqu’à la cuisine, où un elfe déguerpit en les voyant entrer. Sans se soucier de la présence de Rabastan, Madeline posa l’écrin sur la table et se lava soigneusement les mains. Quand elles furent sèches, elle revint à la bague, qu’elle tira délicatement de son coussin et qu’elle passa à sa main gauche. L’anneau s’ajusta discrètement à son doigt, et Madeline la contempla sans mot dire pendant de longues seconde. C’était un très beau bijou. Elle le détestait. « Merci. » Se força-t-elle à prononcer avec un sourire crispé. « Mais tu n’avais pas à faire ça. Nous sommes déjà fiancés. » Grinça-t-elle. Elle n’avait pas besoin d’un autre rappel de leur engagement. Bientôt elle porterait une nouvelle alliance, et comme la première fois, elle devrait l’exhiber devant tous et jusqu’à ce que mort s’ensuive pour prouver son attachement à sa nouvelle famille. Un objet si anodin, promesse de tant de misère.

put a ring on it
@MADELINE NOTT — janvier 1985

tw: meurtre, mariage forcé.
« Bonjour, Rabastan. » Le corbeau l’observe, silencieux sur le pas de la porte. Il n’avait pas réfléchi plus que ça. Il voulait lui offrir une bague, faire un pas dans la bonne direction - était-ce la bonne direction ? Mais il n’avait pas pensé à ce qu’il lui dirait ensuite. À court de mots, il se contente de la regarder. Elle semble surprise, mais il est incapable de savoir si la surprise est bonne. Elle est belle, pense-t’il. Arrête tes conneries Rab. Elle va t’empoisonner. Ses pensées fusent. Elle lui plaît, contre toute attente. Mais il reste pourtant sur ses gardes. Il est le seul à savoir ce dont elle est capable. Même sans la menace, il n’a jamais eu l’intention de se comporter comme son prédécesseur. Il essaiera de lui rendre le mariage aussi confortable que possible. « Hm. Entre donc. Je vais me laver les mains, j’étais en train de… » Le brun s’exécute, il entre. Le manoir semble vide - mais pourtant plus vivant que le sien. Il la suit jusqu’à la cuisine et observe silencieusement. Il remarque l’elfe de maison qui prend la fuite à leur arrivée. Il écarquille les yeux mais ne dit rien. Madeline se lave les mains, il n’y a aucun autre bruit que l’eau qui coule dans l’évier. Lorsqu’elle a fini, elle se saisit de la bague. Est-elle à son goût ? Encore une fois, impossible de lire la moindre émotion sur son visage. « Merci. » Un sourire crispé, c’est mauvais signe. « Mais tu n’avais pas à faire ça. Nous sommes déjà fiancés. » Elle n’a pas l’air ravie, il aura au moins essayé. Il affiche alors un sourire désolé et lui offre un haussement d’épaule. Il aurait dû anticiper sa réaction, avoir quelques réponses sous le coude. Mais rien.

Avant Mathilda, Rabastan était différent. Froid et distant. Il n’aurait jamais pris la peine de lui apporter une bague, l’aurait peut-être même dénoncée suite à l’autopsie de feu son mari. Mais la louve l’a changé. Elle l’a rendu plus vivant, a éveillé ses sentiments. Alors il essaie, le corbeau. Il essaie d’être meilleur. Mais il a encore beaucoup à apprendre. Le silence est toujours là, pesant. Il s’accroche aux détails qu’il a remarqué depuis son arrivée. « Tu aimes les plantes ? », demande-t’il. Il en a vu à l’entrée, dans la couloir, et un peu partout dans la cuisine aussi. Il a également remarqué la petite tâche de terre sur sa manche. C’est une question qui ne rime à rien. Mais c’est une manière d’apprendre à la connaître. La blonde reste de marbre. Et il sait que ses efforts n’y changeront rien. Il ne lui laisse pas le temps de répondre, imaginant déjà la suite des choses. Elle lui répondra vaguement, le silence reviendra, et la situation ne mènera nulle part. « Je ferais mieux de partir », avoue-t’il les lèvres pincées. Il tourne les talons et fait quelques pas vers la sortie. « Tu sais où me trouver, si tu as besoin… » De quoi aurait-elle besoin ? Imbécile.

put a ring on it
@Rabastan Lestrange — janvier 1985

tw: mariage arrangé/forcé
Le silence entre eux était étouffant. Elle avait déjà remarqué qu’il n’était pas causant, dès leur rencontre à la morgue. Elle s’étonnait même qu’il ait pris l’initiative de venir jusqu’ici lui offrir cette bague – à moins qu’il n’y ait été forcé par ses parents. Il y avait de fortes chances que ce soit le cas, et Madeline s’en agaça en son for intérieur. Chacune de leurs interactions serait désormais frappée de l’obligation imposée par leurs familles. Elle ne voulait pas penser à ce qui viendrait par la suite : le mariage dans ce même silence emprunté, puis la nuit de noce, la vie commune, les enfants … Si elle s’autorisait à songer à tout ce qui l’attendait, elle sentait un étau se refermer, implacable autour de son cou, l’empêchant de respirer. Mais elle ne cèderait pas. Elle trouverait bien un nouveau moyen de se débarrasser de lui comme elle l’avait fait avec le précédent.

« Tu aimes les plantes ? » La question qui brisa soudain le silence la pris de court. Elle considéra Rabastan, suspicieuse. Mais il ne semblait pas y avoir la moindre duplicité sur ses traits – il n’y avait qu’elle qui voyait le mal partout. Ce n’était qu’une question, et légitime qui plus est. « C’est la passion de mon père. » Mais Rabastan le savait, bien entendu. Il était de notoriété publique que le patriarche Nott avait fondé un empire dans la culture des plantes sorcières, et que leur fortune provenait de son entreprise extrêmement lucrative. La question de Rabastan ne visait pas son père, mais elle. Il essayait de s’intéresser à elle, chose que son précédent mari n’avait jamais pris la peine de faire. Elle devait reconnaître cet effort – et lui en accorder un en retour. « Oui, j’aime les plantes. » Encore un effort. « Je trouve que c’est reposant de s’en occuper. C’est gratifiant, aussi. J’aime les voir s’épanouir dans toute la maison. » Il était difficile de mener une conversation normale avec lui, en sachant ce qu’il était, ce qu’ils allaient devenir ensemble. Pourtant c’était lui qui avait raison, ils devaient s’apprivoiser dès maintenant pour rendre les choses plus supportables. Elle le savait, mais elle n’avait pas la moindre envie de se soumettre à cette nécessité, qui lui apparaissait comme une corvée bien davantage que comme une simple conversation. Par chance, il y mit fin lui-même avant qu’elle ne put lui renvoyer sa question. « Je ferais mieux de partir » Quelle excellente idée ! « Hm-hm. » Elle acquiesça poliment pour ne pas lui donner l’impression qu’elle se réjouissait de son départ précipité. Déjà il avait tourné les talons pour sortir de la cuisine, mais il se retourna avant d’atteindre la porte. « Tu sais où me trouver, si tu as besoin… » Elle haussa les sourcils, perplexe, mais hocha la tête par réflexe. « Hm-hm. » Répéta-t-elle, bien incapable de trouver quoi lui répondre. Ce n’était qu’une proposition de pure politesse, creuse au possible, et elle n’acceptait que par politesse. Pour qu’il s’en aille au plus vite.

« Au r- » « Monsieur souhaite-t-il prendre une tasse de thé avant de partir ? » Madeline tourna vivement la tête vers la voix. Ivy, son elfe de maison, se tenait sur le pas de la porte de service avec un plateau lourdement chargé d’un service à thé fumant et d’une multitude de petits gâteaux. « Ce n’est p- » A nouveau, elle fut coupée avant d’avoir pu protester. « Monsieur nous fait un grand honneur par sa présence, mes maîtres seraient fâchés de savoir qu’il s’en est allé sans prendre le thé dans leur demeure. » Derrière Ivy, qui souriait de son air doucement béat comme à son habitude, Madeline put voir dans l’ombre du couloir la silhouette de Nightshade, l’autre elfe de la maison. C’était l’elfe de son père, qui ne manquerait pas de lui rapporter tous les détails de la venue de Rabastan – et de son départ trop précipité. Derrière son sourire innocent, Ivy tentait simplement d’éviter une nouvelle dispute familiale à sa maîtresse. Madeline était coincée. Elle inspira profondément et se tourna vers son fiancé, à qui elle adressa un sourire un peu crispé. « Veux-tu rester pour prendre le thé ? Ivy fait des gâteaux merveilleux. » Elle ne lui laissait pas vraiment le choix, et elle le prit par le bras pour l’entraîner dans le petit salon adjacent à la cuisine, Ivy sur ses talons.

Elle s’installa dans son fauteuil favori et fit signe à Rabastan de s’asseoir en face d’elle. La pièce était la plus chaleureuse de la maison – sans doute parce que ses parents n’y venaient presque jamais, sauf pour s’occuper des multiples plantes qui la peuplaient. Demetrius et Serah Nott favorisaient le faste du grand salon, tandis que Madeline préférait le confort discret de celui-ci. Ivy servit le thé dans un cliquetis de tasse, comblant le silence gêné par son fredonnement coutumier. Enfin la petite elfe s’inclina devant Rabastan, puis passa devant Madeline en lui adressant un sourire complice. Celle-ci ne put s’empêcher de lui rendre son sourire, et regretta immédiatement sa présence rassurante quand l’elfe fut sortie. « Je t’en prie, sers-toi. » Fit-elle à l’attention de Rabastan en attrapant une tasse et un petit gâteau à la pistache. « Est-ce que tu aimes les plantes toi aussi ? » Tentative un peu faible pour entamer la discussion, mais elle n’en voyait pas d’autre. Ils étaient coincés ici, sans doute avec Nightshade qui collait son oreille à la porte pour les écouter – mieux valait faire bonne figure.